Sœur Jeanne-Laurence a grandi dans un milieu familial uni. Le jour de sa première communion fut décisif pour toute sa vie.
Entrée en notre fondation d’Azérables dans la Creuse, elle y reçut l’habit le 30 juin 1957, y fit profession temporaire le 14 juillet 1959. Elle revint à Limon et y fit profession perpétuelle en 1963.
Très zélée pour l’Office divin, elle mit sa belle voix au service de la liturgie. Quand son état de santé l’empêcha d’être présente au chœur, elle reprit son office avec fidélité., Elle avait une grande confiance en la Vierge Marie et récitait le chapelet chaque jour.
Elle était habile de ses mains, avec le goût du travail très bien fait, aussi bien dans la réparation des objets usuels que dans une enluminure ou un travail de broderie. Elle étudia l’hébreu et chanta les psaumes dans cette langue. Elle aimait beaucoup la musique classique, et tout ce qui touchait à l’histoire.
Elle traversa de grandes épreuves physiques et morales avec beaucoup de courage, et elle tint bon dans la foi. Son caractère vif, capable de tempêtes, était tempéré par son grand cœur, avec un sens de l’humour qui ne la quitta pas jusqu’à ses derniers instants.
Elle eut la joie, pour son jubilé d’or, le 21 novembre 2009, de réunir de nombreux membres de sa famille : elle prenait à cœur leurs joies et leurs soucis.
C’est la veille de la fête de la Présentation de Jésus au Temple que le Seigneur l’appela à sa rencontre et que le regard qu’elle désirait se leva sur elle pour la faire entrer dans le face à face éternel.
Que rien ne te trouble, que rien ne t’épouvante,
tout passe, Dieu ne change pas.
(Sainte Thérèse d’Avila)
une parole que Sœur Jeanne-Laurence aimait beaucoup.
Lorsque le Fils bien-aimé se fera homme.. Regardez-le longuement dans sa vie cachée et dans sa vie publique, et vous apprendrez peu à peu de lui en quoi consiste le bonheur.
Il n’a pas rougi de nos joies humaines, il les a vécues, il les a bénies. Il a eu une mère, un père qui, s’il ne lui a pas donné la vie, lui a donné son cœur de père, son travail, sa sollicitude... il a eu des amis, il a pleuré sur la mort de l’un d’eux. Il a aimé avec son cœur humain. Il n’a rien rejeté de la création de son Père, le soleil, le vent, les moissons. Il a fait confiance aux hommes. Il en a aimé un qui s’appelait Jean, un autre qui s’appelait Pierre, et, tout en les connaissant fragiles et faibles, il leur a confié son Eglise. Jusque sur la croix il a pensé à sa mère qui, elle, était là à son dernier soupir.
Oui, en toute vérité, lorsqu’on regarde la sainte humanité de Jésus, on se convainc qu’il a été humain, comme aucun homme ne pourra jamais l’être.
Mais en même temps, on se convainc que le centre de son Bonheur était infiniment plus haut... il allait à dieu. Toute sa vie est là. Par son humanité religieuse, il nous apprend, par des paroles divinement simples, où est sa Paix, et où doit être la nôtre... rester dans la main du Père quoiqu’il arrive, souffrir pour son Règne, aimer tous ceux qu’il aime et plus spécialement ceux qu’il nous confie...
Il y eut la nuit de la Passion, qu’il voulut semblable à nos nuits : abandonné de ses amis, trahi par l’un d’eux, renié par un autre, le dénuement, la soif, l’abandon apparent de Dieu, la mort humaine. Et de tout cela, pourtant, quelle paix se dégage ! lorsque nous feuilletons nos Evangiles, lorsque nous tournons lentement les pages de la Passion, ce sont ses paroles sur la croix qui se détachent, toutes de paix : "Pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font... aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis... j’ai soif... voici ta Mère... Tout est consommé.. Entre tes mains, Père, je remets mon esprit..."
Et le troisième jour, il ressuscita. Et la joie divine, sans mesure, infinie, qui ne l’avait jamais quitté, envahit son corps, les cicatrices de ses mains et de ses pieds, la plaie de son cœur , et il fut glorifié.
Et dans sa sainte humanité tout entière, il est "caché en Dieu", où il est heureux, bienheureux, et il donne le bonheur, rassasiant, infini, à tous ceux qu’il a rachetés de son sang.